Dans Mange et bois

Est-ce que ton grand vin goûte surette?

Est-ce que ton grand vin goûte « surette »?

C’est une histoire de vin. D’un gars  qui s’appelle Rudy Kurniawan. Un Asiatique frêle qui a l’air d’un nerd. Il dit qu’il représente une petite agence qui se spécialise dans les vins relativement ordinaires de Californie. On commence à l’apercevoir dans les encans de vins.

Le boom

On est vers la fin des années 90 et le marché du vin haut de gamme est en plein essor. C’est dû en partie à l’arrivée d’internet qui permet à la fois de rechercher, de vendre et d’acheter des perles viticoles partout dans le monde sans avoir à se déplacer.

L’ami Rudy passe au niveau supérieur. Il commence à miser sur des grands crus. Il se fait des amis et entre dans le club des « Angry men ». Un groupe de gars qui se sont appelés ainsi parce qu’à chaque party où ils allaient, ils étaient toujours ceux qui apportaient le « gros jus » alors que les autres amenaient de la piquette. Évidemment, c’est toujours le gros jus qui partait en premier et eux devaient se contenter du gros rouge qui tache. À la longue, ça les a mis hors d’eux. Ils se rencontrent donc une fois par mois et font « popper » des quilles qui jouent dans les 4 chiffres.

Dans cet élan fraternel, Rudy épate ses nouveaux chums avec son nez à toute épreuve. Il reconnait pratiquement tous les vins qu’on lui passe sous les narines. Son nom commence à circuler. Plus ça va, plus il achète de grands vins d’encan, comme si il n’y avait pas de lendemain.

Puis, il se met à revendre certains de ces grands crus. L’idée c’est d’enregistrer tes vins dans le catalogue de l’encan. C’est envoyé aux collectionneurs qui bavent à l’idée de miser sur ces trésors entourés d’une bouteille.

Le BAM

Un jour, le vigneron français Laurent Ponsot feuillette un de ces catalogues et BAM! Il voit une de ses bouteilles, mais y a quelque chose qui cloche. Une erreur sur l’étiquette et l’année. Il commence à faire un Colombo de lui-même et s’envole pour les États.

Pendant ce temps-là, Bill Koch, un riche collectionneur américain se rend compte qu’il s’est fait baiser solide sur quelques grosses bouteilles achetées à vil prix. Des années qui ne concordent pas, erreurs sur l’étiquette, etc. Bill semble pas le genre de gars qui accepte de se faire passer la bouteille. Il engage un détective et dépose une plainte au FBI. L’étau se resserre tranquillement sur Rudy, qui est devenu chummy-chummy avec des producteurs d’Hollywood et des bonzes de la finance. Il vend de plus en plus de vin. Des grooooossses bouteilles. Quand on lui demande d’où il vient et d’où vient tout ce cash, il raconte qu’il est un riche héritier.

L’étau

Je suis pas très fort en calcul, mais si j’additionne : un vigneron Bourguignon + un multimillionnaire américain + un détective privé + quelques dudes du FBI, me semble que ça commence à faire pas mal de monde qui veulent «embouchonner» Rudy!

Ils réussissent grâce au FBI à obtenir un mandat pour entrer chez le coquin… Surprise! Des centaines de bouteilles, des milliers d’étiquettes de grands crus légendaires, des bouchons contrefaits, bref la totale de la contrefaçon.

Les enquêteurs se rendent compte que Rudy recréait, avec un certain talent, les plus grands vins de ce monde. Il utilisait des vins dits, plus ordinaires et concoctait des formules savantes pour se rapprocher du goût divin.

Toutes les bouteilles que Rudy possédait ont été détruites, mais plus de dix mille autres dorment encore dans des caves.

La fin…

Qui est la famille de Rudy? Qu’est-il arrivé avec lui? Ce n’est pas moi qui vais te le dire, je suis pas un spoiler!

Son documentaire « Sour grapes » est disponible sur Netflix.

La prochaine fois qu’on t’offrira un très grand cru…pense à moi!

 

 

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